Avec toute cette pluie en particulier le matin, on a l’impression que le soleil nous en veut, c’est vrai qu’il était un peu trop présent voir trop insistant dans le Nord Argentin mais on prendrait bien quelques rayons en ce moment. N’en faisons pas un drame, les vestes et pantalons de pluie et surchaussures sont très efficaces ! Comme le dit l’adage : il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que des mauvais équipements.


Nous quittons Lago Yelcho sous la pluie donc, les montagnes russes continuent dans un paysage alpestre mais à notre agréable surprise toujours sur du bitume en parfait état (nous avons le roadbook d’un couple de français ayant parcouru la carretera il y a 3 ans, ce tronçon n’était à l’époque pas asphalté) . Nous déjeunons et nous nous réchauffons dans ce qui reste du village de Villa Santa Lucia car il a été à moitié détruit par un important glissement de terrain il y a un an (une vingtaine de morts ou disparus). Les kilomètres précédant le village traversent un paysage désertique sur le tracé du glissement de terrain. Nous passons la nuit, 35 km plus loin, en camping sauvage à l’abri d’un pont près d’un torrent avec une plateforme idéale pour la tente !

Le lendemain, nous parcourons de nouveau les terres chiliennes jusqu’au village de La Junta où nous nous mettons à l’abri dans le salon de thé du village autour de riches pâtisseries au Manjar (équivalent du Dulce de Leche argentin). Notre camping dispose d’une petite baraque avec toutes commodités et notamment un poêle que nous avons des scrupules à utiliser dans cette passoire thermique. Nous avons finalement cédé à la tentation et diné collés à ce poêle.

Après avoir longé le lac Risopatron, nous retrouvons la mer à port Puyuhuapi, ville qui a été bâtie par des allemands originaires des Sudètes. Notre camping se résume à un hangar pour planter les tentes au sec et une pièce commune chauffée, parfait pour notre jour de repos. Pendant ce dernier, nous nous rendons aux termes du Ventisquero à 7km au Sud de la ville. Il s’agit de petits bassins en front de mer avec une eau dont la température oscille entre 35 et 40°. On guette les éventuels sauts de dauphins dans le fjord (on peut en apercevoir selon le Routard) mais on n’aperçoit qu’un lion de mer en train de pêcher.

Seulement 24 kilomètres pour rallier le parc Queulat pour une randonnée en direction d’un mirador d’où nous pouvons voir les couleurs bleutées du ventisquero (glacier) Colgante dont la fonte alimente le lac vert en aval. Nous faisons connaissance avec un cycliste catalan expatrié à Santiago que nous croiserons lors du trajet du lendemain.

Ce lendemain est difficile avec l’ascension d’un petit col en ripio de 5 km dans une sorte de jungle noyée dans le brouillard.

Dans la descente, nous apercevons un 4x4 sur le flanc, c’est celui de 2 français que nous avions croisés le jour précédent, heureusement rien de grave. Nous déjeunons à l’abri d’un arrêt de bus et sommes rejoints par 2 autostoppeurs, le catalan et deux américains à vélo qui étaient dans notre auberge de Bariloche et dans le camping de San Martin de los Andes. Pas le temps de s’attarder, nous avons trop froid. Les 30 km jusqu’à Villa Amengual alternent entre route de bord de torrent et traversées de pâtures. Dans ce pueblito (petit village) de 200 âmes, nous trouvons notre réconfort (et un peu de chaleur pour nos affaires trempées) dans le refugio d’Inès. Il s’agit d’une pièce commune équipée d’un poêle et de matelas, dans laquelle nous passons la nuit avec les deux américains et Harry le cycliste anglais au 32 000km en 10 mois (on vous laisse calculer sa moyenne journalière).  

Nous rallions ensuite Villa Manihuales après avoir progressé sur des routes bordées de lupins bleus et blancs, de genêts et fuchsias. A mesure qu’avance la journée, nous apercevons les pics enneigés qui ont chassé les nuages. Avant d’atteindre le plateau sur lequel est établie la ville, on peut observer des pâturages avec des troncs morts, depuis bien longtemps suite au déboisement de la zone. Chez Dona Ruth (notre camping / hostel), nous faisons la connaissance de Christian de Grenoble. Il est tombé amoureux de la région et s’y rend deux mois par année depuis une dizaine d’année. Nous l’accompagnons le lendemain lors d’une partie de pêche dans le rio Manihuales, pas de saumon ni de truite mais l’essentiel est ailleurs, le chemin qui borde la rivière est bucolique et on y croise un gaucho à cheval guidant son troupeau de vaches...