Ce Mardi 4 Décembre est le dernier jour en Argentine. Au programme, trois traversées en bateau et des liaisons en vélo. Une journée tranquille en perspective en théorie. Conformément à ce qu’on nous avait dit, il y a des cyclistes, nous sommes 8 sur le bateau dont Michael from California et Anthony de Santiago (Chili), des prénoms à retenir. La 1ère traversée est conforme à nos attentes : magnifique.

La liaison de 3 km jusqu’au second bateau se fait sans encombre. Nous traversons les eaux vertes du lago Frias puis arrivons à la douane argentine et attendons pour faire enregistrer nos vélos, après un quart d’heure d’attente, le douanier argentin nous dit que ce n’est pas nécessaire car nous sommes étrangers.

C’est parti pour le gros morceau de la journée : 250m de dénivelé positif sur 3 km et 800 de dénivelé négatif sur 7 km pour se retrouver au Chili, puis 18 km de plat. C’est raide et la piste est en mauvais état avec des gros cailloux, ajoutez à cela le chargement important à l’arrière : on perd l’avant et la bicyclette devient vite incontrôlable. Nous chutons à tour de rôle et sommes dans l’obligation de pousser les vélos (nos bras s’en souviendront), car nous ne pouvons pas remonter sur le vélo avec cette pente. Les autres cyclistes avait laissé leur bagages dans un minibus pour la liaison, nous ne l’avons pas fait par orgueil et pour ne pas payer de bakchich, mais 2 km après le départ nous le regrettons… La descente est tout aussi instable : Hugo tord la manivelle de sa pédale en chutant. En fin de descente, nous découvrons dans la vallée les prés avec les hautes herbes courbées par le vent, avec en arrière-plan des sommets enneigés. Nous prenons juste le temps de manger  une barre de céréale et une banane, alors qu’il est 13h30, car le temps presse nous devons être à 15h30 à Peulla pour embarquer sur le 3ème et dernier ferry. Nous rattrapons 3 cyclistes argentins qui nous informent que le bateau part à 1h plus tard en été (nous avions les horaires d’hiver). Ouf ! Nous arrivons au contrôle sanitaire Chilien : il est interdit de faire rentrer des légumes, fruits, céréales ou viandes. On décharge les vélos pour l’inspection des sacoches, puis on refixe l’ensemble sur les vélos. Sur les conseils du contrôleur, nous nous arrêtons à la douane 50m plus loin pour connaître la nécessité d’enregistrer nos vélos : le douanier le confirme (il note les numéros de série) avant d’ajouter qu’il doit fouiller nos sacs. De nouveau, nous enlevons les sacoches, c’est un peu rageant.

Nous arrivons à l’heure pour la dernière traversée, celle du lac Todos los Santos (nommé ainsi car découvert un 1er Novembre), avec au second plan le volcan Osorno au sommet enneigé. Nous passons la première nuit au Chili dans un camping au bord du lac Llanquihue, où la carte bancaire est acceptée et même le sans contact.


Le lendemain, nous faisons remplacer le pédalier d’Hugo dans la première boutique cyclo à l’entrée de Puerto Varas, où nous y déjeunons. C’est à ce moment qu’arrivent Anthony et Michael. Anthony propose d’appeler un ami, qui habite à proximité de Puerto Montt chez qui ils vont dormir, pour lui demander si on peut se joindre à eux, pas de problème ! Nous logeons et dînons royalement dans la maison d’amis de Marcelo, qui nous accueille avec sa femme, alors que nous sommes de parfaits inconnus. Celui-ci habite dans un quartier avec de belles et grandes propriétés, rien à voir avec les cabanes de pêcheurs du bord du Pacifique que nous avions longées plus tôt dans la journée.


Nous repartons le lendemain en compagnie de Michael (Anthony devant repartir à Santiago), pour le début de la Carretera Austral (route ou plutôt piste que nous allons suivre sur 1200 km jusqu’à Villa O’Higgins). Celle-ci a été construite sous le régime de Pinochet entre 1976 et 1986, afin de désenclaver certaines régions isolées de la Patagonie accessibles uniquement par voie maritime ou par voie terrestre en passant par l’Argentine. Nous longeons l’océan et les fermes aquacoles spécialisées notamment dans les élevages de saumon, que nous apercevons à km de la côte ; le Chili étant le 2ème producteur mondial, avec des conséquences néfastes sur l’écosystème patagonien... La route est accidentée mais le goudron en très bon état. Au loin, nous rattrapons un autre cycliste. Il ne nous entend pas arriver, probablement à cause de ses boules Quies dans les oreilles ; il s’agit d’un Russe avec lequel nous prendrons ensuite le premier bateau (20 minutes avec un départ toutes les 30 minutes) pour rejoindre Puelche.

Nous cassons la croûte avec Michael à Contao, nous repartons pour 45km de route entièrement asphaltée selon les guides. En guise de digestion, une montée de 250 m. Au loin se profile une… piste, il y a des gros travaux sur une vingtaine de kilomètres, des nuages de poussières, la fin de journée va être longue. On aperçoit un autre cycliste au loin, en y regardant de plus près, il s’agit de notre ami russe ; le bougre a du sauter le ravitaillement ! Alors qu’on voit le bout de tunnel, une vis du porte bagage d’Hugo se fait la mal suite à une petite chute (on va bientôt remettre les roulettes !). Nous avons un sac rempli de matériel de réparation, mais aucune vis. Heureusement, notre sauveur Michael, malgré ses petites sacoches, nous en donne une ! Nous rejoignons Hornopiren, après 90 km à pédaler à 3. Michael âgé de 70 ans, nous remercie d’avoir parcouru cette route avec lui, car selon ses dires, nous lui avons donné du courage. Nous prenons le bateau le lendemain matin en direction de Caleta Gonzalo et en compagnie de 5 autres cyclistes (4 anglais et Michael).

Nous atteignons le camping du Lago Blanco (dans lequel Hugo en profite pour se rafraîchir) dans le parc Pumalin après 25 km de piste en montagne russe sous une forte chaleur. Il n’y a en réalité que 4 emplacements bien pensés avec abri, banc et table en bois donnant sur le lac. Le parc Pumalin doit sa création à Douglas Tompkins (fondateur des marques Esprit et Northface) ; celui-ci a racheté le foncier aux propriétaires vendeurs au cours des années 90 pour constituer la plus grande réserve naturelle privée du monde. On a pu lire que cela avait permis d’éviter entre autre un sacage de la zone par les entreprises forestières et une pollution des eaux des fjords et estuaires inhérentes à l’activité des fermes aquacoles. Le gestion du parc a été confiée au gouvernement Chilien après le décès de Tompkins en 2015.


Après une bonne nuit, les affaires pliées, on est d’attaque pour rejoindre Chaiten à 35km. Une grosse pluie est annoncée à partir de 13h mais on devrait pouvoir y échapper. C’est au moment d’enfourcher nos vélos à 9h00 que les premières gouttes tombent. La pluie redouble mais l’asphalte pointe son nez au bout de 15 km, on ne peut pas tout avoir ! Après un café bien mérité à Chaiten, notre point de chute est la casa de Rita et sa douche chaude tant espérée (les deux dernières avaient été froides) ! Le village de Chaiten a été évacué et partiellement détruit suite à l’éruption du volcan homonyme en 2008. Suite à ces événements, le gouvernement Chilien l’avait classifiée en ville morte mais Rita et une douzaine de personnes y sont revenus peu après l’éruption, passant près de 3 ans sans eau courante ni lumière. Aujourd’hui, le village vit essentiellement du tourisme. Nous poursuivons la route malgré la pluie annoncée pour toute la semaine (celle-ci est pour l’instant éparse), jusqu’au camping du lago Yelcho équipé d’emplacements avec abri : parfait pour camper sous un temps pluvieux. Nous ne sommes pas trop surpris de ce climat, puisque la Patagonie est réputée pour sa forte pluviométrie, en témoigne la forêt très dense et presque impénétrable, voyez plutôt la taille des feuilles !

Et comme d'habitude, plus de photos dans l'album!

Des bisous!