Comme prévu, nous avons fait la liaison entre San Juan et Mendoza en bus sans encombre (et sans regret : la route étant très passante et en travaux) en compagnie des vélos en soute. Nous logeons chez Patricia (hôte Airbnb, très sympathique) pour les trois jours sur place. L’agglomération de Mendoza comprend environ 1 million d’habitants, la ville est au milieu de pas grand-chose mais les rues sont très vertes grâce au réseau de canaux d’irrigation présents dans chaque rue. L’eau est issue des massifs voisins et notamment l’Aconcagua (point culminant d’Amérique) qui attire de nombreux alpinistes dans la ville. Ce ne sera pas pour nous ce coup-ci. Nous nous occupons en premier lieu de la logistique pour nos billets de bus dans le but de rallier le Sud et San Martin des Andes. La région de Mendoza est réputé pour ses vignobles en particulier ses vins rouges. A une quinzaine de kilomètres de la ville se trouve Maipu et ses nombreuses bodegas. Nous prenons le train puis nous parcourons les vignobles avec nos vélos délestés de leurs sacoches. La route est défoncée et très passante, notamment des camions. Nous dégustons les vins locaux dans la bodega Carinae dont les propriétaires sont français : des vins puissants de cépage Malbec, Syrah ou Cabernet Sauvignon. Nous visitons ensuite la fabrique d’huile d’olive voisine Laur qui affiche fièrement une 8ème place mondiale pour la qualité de son huile. C’est vrai qu’elle est bonne mais nous n’en ramènerons pas car les sacoches sont pleines. Après les balades et les bonnes glaces, il est temps de quitter Mendoza et Patricia (photo ci-dessous).

Pour rallier San Martin des Andes, la liaison directe n’existant pas, un premier bus nous déposera à Neuquen (trajet de 13h) d’où nous prendrons un second bus (trajet de 6h).

Rien de difficile en soi, c’est avec les vélos que ça se complique. Nous avons choisi la même compagnie que celle avec laquelle nous sommes arrivés à Mendoza. C’est en quelque sorte un remake de western spaghetti mais avec 3 truands et personne de vraiment bon dans cette histoire! Le premier truand : il s’agit du monsieur des bagages encombrants : il ne peut pas nous assurer qu’il y a de la place en soute pour nos vélos mais en versant l’équivalent de 20 euros, nos vélos voyagerons avec nous (une soute extensible ?). On s’étonne du prix étant donné que le transport ne nous avait rien coûté jusqu‘à Mendoza. En insistant, il nous fait une ristourne de 50%. Le bus arrive, le chauffeur ou second truand nous dit que les vélos ne passeront probablement pas, il passe des coups de fils, « gueule comme un putois » contre le responsable des bagages encombrants avant de nous faire signe d’un pouce levé (c’est bon pour les vélos !) : le bougre a probablement eu sa part du gâteau. Le dernier protagoniste est le « malletero » qui réalise le chargement du bus à qui il est de bon ton de donner un pourboire (una propina pour les hispanophones) ou un bakchich en moins politiquement correct. C’est parti pour Neuquen dans un bus à 2 étages plus confortable que nos TGV et avec repas servi à la place.

Malheureusement, la soute pleine du bus Neuquen-> San Martin de los Andes nous oblige à quitter momentanément nos vélos, ceux-ci voyageront à part avec le camion affrété pour les colis. On angoisse un peu car la compagnie ne nous donne pas de date d’arrivée certaine (cela pourrait être 3 jours, soit samedi et nous sommes mercredi). Le voyage est l’occasion d’observer les paysages déserts patagoniens et d’échanger avec un couple d’argentins dont les enfants vivent en région parisienne. L’arrivée à San Martin des Andes est dépaysante avec ses montagnes vertes parsemées de genêts en fleurs et les constructions en adobe du Nord ont laissé place à de magnifiques maisons en pierre et en bois. La ville posée au bord du lac Lacar (photo suivante avec Anaïs sur les hauteurs) est très agréable et possède de vraies boulangeries dont une à deux pas de notre camping où notre tente a trouvé place en bord de ruisseau. Car contrairement au nord argentin, l’eau coule à flot dans les rivières. Le lendemain, nous faisons une randonnée autour du lac en traversant notamment un village de la communauté Mapuche (communauté aborigène originaire de la région, qui a subi des campagnes militaires de la part des Incas, puis des conquistadors espagnols. Ceci a entraîné la perte d’une bonne partie de leur territoire, qu’ils tentent aujourd’hui de conserver, tout comme leur patrimoine culturel)  jusqu’à la plage de la Islita (la petite île) : au second plan les sommets enneigés, c’est canon.


La bonne nouvelle est que nos vélos arrivent ce vendredi. Sitôt récupérés, sitôt partis pour parcourir la route de los siete Lagos (route des sept lacs), avec des paysages magnifiques pour ces deux jours de trajet. Cela ressemble à de petites montagnes russes, le dénivelé cumulé est important malgré les montées courtes mais répétées. Nous rencontrons plus de cyclistes qu'auparavant (un espagnol avec 50 kg de bagages, un couple d'américains que nous retrouvons 3 jours plus tard à l'auberge de Barilochel). Les campings sont natures : pour le premier, il s’agit d’un bord de lac (Lago Traful) avec les chevaux sauvages et cauquens (oiseau de la région) d’un côté et les pêcheurs de l’autre.

La réputation de la Patagonie n’est pas usurpée ni pour ses paysages ni pour ses tarifs (globalement une nuit dans un camping ici coûte environ 5 fois plus que dans un camping du Nord). Les nuits sont plus fraîches et le bonnet supportable mais la nuit sans pollution lumineuse et le réveil avec soleil levant sur le lac sont jouissifs.

Le second camping, en lisière de Villa la Angostura est du même acabit : la route est bordée de genêts en fleurs et le bruit de la rivière se jetant dans le lac nous berce. La couleur de l'eau est attrayante, mais sa température est beaucoup trop juste pour sortir nos maillots (environ 12°C) !

Nous rallions le jour suivant San Carlos de Bariloche (plus communément appelée Bariloche) qui sera notre dernière ville argentine avant de rejoindre le Chili. Deux options pour y aller : le bus ou la liaison en bateau avec 2 traversées de lacs : nous retenons la seconde. Bariloche est une ville importante (environ 100 000 habitants) en bord de l’immense lac Nahuel Huapi (500km de côtes) : coté urbanisme c’est moins harmonieux que San Martin mais qu’importe car c’est la capitale argentine du chocolat. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est impossible de passer à coté des nombreuses boutiques et supermarchés de chocolats ! Nous goûtons aussi à la truite locale pêchée dans les lacs alentours. 



Plus de photos dans l'album associé.

On se retrouve au Chili !

Des bisous.