Nous quittons Belen et traversons 15 km plus loin le village de Londres sous un crachin très britannique, malheureux hasard ! Le temps est maussade et la visibilité assez réduite, ce n'est qu'après 40 km que l'éclaircie perce. Nous en profitons pour faire une pause, Anaïs croit apercevoir une vache au loin, nous prenons quelques photos, la vache s'est rapprochée de nous mais en y regardant bien elle a plutôt une allure de cycliste . Il s'agit en fait de Denis, un cyclotouriste français originaire de Vendôme (le Loir et Cher s'exporte bien !) qui vit désormais à Toulouse. Il est là pour 6 semaines et fait de grosses distances dans un sens opposé au nôtre, il nous donne des bonnes adresses et nous conseille pour les jours qui vont suivre.

Nous entrons dans la province de la Rioja (également connue pour le vin) et passons la nuit en tente à Salicas où nous nous trouvons pour la première fois sous les 1000m d'altitude (990 mNSM). Le camping est tenu par Herman fondateur de la fondation Ninos Indigo dont le slogan est « Abre tu mente », « ouvre ton esprit ». Il nous explique que l’enseignement suivi à l’école est inadapté et peu formateur pour l’entrée dans le monde professionnel. Le but de son association est d’accueillir des enfants de la région et de leur faire faire des activités qui les sensibilisent à la protection de la nature, à la cuisine, au bricolage, aux échanges d’idées, etc. Il nous invite à boire le maté, boisson traditionnelle sud-américaine, très présente en Argentine, préparée en infusant des feuilles de yerba maté. Wikipedia précise que sa consommation apporte plusieurs effets bénéfiques sur la santé. Beaucoup de magasins proposent de l’eau chaude, afin que les voyageurs puissent faire infuser le maté. Nous trouvons cette boisson un peu amer, mais en ajoutant un peu de sucre, c’est meilleur !

En quittant Salicas, nous retrouvons des vignes, ainsi que des noyers, oliviers et cognassiers. La région est aussi marquée par des forts vents, que nous avons bien ressentis lors des pénibles 30 km avant Pituil, car il soufflait de ¾ face.


 « L’important, ce n'est pas la destination, mais le voyage en lui-même » - Robert Louis Stevenson. Pourtant en Europe, la finalité de nos actions est bien plus importante que nos actions en elles-mêmes. Ici, nous expérimentons la citation de Stevenson : l’ascension d’un col nous procure plus de plaisir visuel que la photo en haut du sommet. Le trafic sur la ruta 40 étant très faible, nos sens sont en éveil : le vrai silence, avec juste le bruit du vent dans les arbres, les oiseaux qui piaillent (nous avons essayé de capturer des perruches pour Louison, Célestin et Zélie, mais elles volent plus vite que nous faisons du vélo !). Les arbustes des plateaux sont de taille moyenne mais dégagent des odeurs qui parfois nous rappellent celles d’huiles essentielles. Nous retrouvons également de longues lignes droites traversant de grands plateaux. Ceux-ci nous permettent de voir loin, de voir notre ville d’arrivée, alors qu’il nous reste encore 15 km à parcourir avant de l’atteindre ! Difficile d’apprécier les distances pour des français habitués aux vallons, aux haies et aux arbres dans les champs.

Nous essayons aussi de ne pas avoir d’attentes, pour ne pas être déçus ou au contraire pour être grandement surpris !

Cela fait maintenant un peu plus d’un mois que nous avons quitté Salta et entamé notre périple. Les régions d’Argentine que nous avons traversées sont très variées et sur chacune des étapes, nous avons pû admirer au moins deux types de paysages différents. Malheureusement, nous constatons également la présence de nombreux déchets (en majorité des emballages plastiques) au bord des routes, en particulier à proximité des villes.


La région de La Rioja dans laquelle nous nous trouvons possède un patrimoine naturel dont nous avons bien profité : entre 1905 et 1925, la ville de Chilecito a prospéré grâce à la mine de « La Mejicana » située à 4 600 m d’altitude dont les minerais (cuivre, argent, plomb, or et fer) étaient descendus en ville via un téléphérique de 35 km de long et d'un dénivelé de 3510 m La fin de la première guerre mondiale a entrainé le déclin de la mine. Nous sommes montés à la dernière station de téléphérique en 4x4 afin d’observer les ruines de ces installations. La piste traverse un canyon d’ocre et des paysages désertiques aux multiples couleurs. Récemment, de grands groupes ont tenté de rouvrir des exploitations en altitude mais sans réussite à cause de la protestation des locaux. En effet, l’exploitation d’une mine capterait et polluerait (via le cyanure) une bonne partie de l’eau utilisée en aval pour les exploitations agricoles et vinicoles. De nombreux panneaux et murs sont tagués avec le même message « Famatina no se toca », « On ne touche pas à Famatina (qui est le nom de la vallée). Nous avons également vu ce types de message pour d'autres mines, un peu plus au Sud.

A 50 km de Chilecito, se trouve un col à 2040 m d’altitude : la cuesta de Miranda, ici la végétation de la vallée verte laisse place au fur et à mesure de l’ascension, aux roches de couleurs chaudes. Ci-dessous, la photo prise au sommet de la Cuesta.

Suite à cette étape, nous arrivons à Villa Union (prononcé « Bija Union ») . C'est une ville dans laquelle nous restons 3 nuits puisqu’elle se trouve entre deux parcs nationaux et à proximité de la pré-Cordillère des Andes. Nous en profitons pour monter (toujours en 4x4) à 4 400 m d’altitude, admirer une lagune avec des flamants roses. Ici aussi, la route pour y accéder est spectaculaire et traverse un canyon dont les roches (encore rouges) avant le mouvement des plaques tectoniques étaient au fond de la mer.

Puis, nous arpentons le parc Ischigualasto, où des fossiles de dinosaures ont été retrouvés, ce serait les premiers de l’ère Triasique. Enfin, les falaises rouges de 150 m de haut du parc de Talampaya s’offrent à nous, on se croirait dans un cathédrale (cf photo ci-dessous)!

Nous reprenons la route après 2 jours de pause, celle-ci est tranquille jusqu’à Guandacol et ondule jusqu’à San José de Jachal. Nous traversons une autre cuesta (appelée cuesta de Huaco, les pentes sont raides mais courtes). La suite se corse avec un paysage très désertique et une chaleur étouffante (entre 35 et 40 degrés) à partir de 12h : nous faisons plusieurs pauses l’après-midi à l’ombre des quelques arbres suffisamment haut pour nous abriter et Hugo pousse Anaïs, qui n’a plus de forces, sur les derniers kilomètres. Aucune trace de vie humaine (hormis les résidus de gomme des pneus éclatés de camions) voire même animale, pendant plus de 100 km jusqu’à un restaurant routier au croisement des routes 40 et 436 à proximité d’une ancienne gare. L’endroit est parfait pour planter la tente et le trafic est quasi inexistant la nuit. Mais à 6h30 alors que nous prenons le petit-déj, un fort vent se lève, nous plions le campement et passons la matinée dans le restaurant/refuge, d’où nous finissons d’écrire cet article, à attendre que le vent se calme. Nous prenons la route à 14h mais les rafales de vent persistent, nous l'avons de face pour les 56 km qui nous conduisent jusqu'à San Juan. Nos cuisses s'en souviennent encore !    


Sur les conseils de cycloroutistes, nous réaliserons la liaison San Juan - Mendoza en bus car il y a eu des précédents de cyclos braqués à main armée dans la banlieue Nord de Mendoza et surtout parce que nous n'avons pas envie de parcourir les 150 km restant composés de paysages avec beaucoup moins d’intérêt que les précédents, sous les fortes chaleurs.


Plus de photos dans l'album associé


Des bisous !