Nous reprenons la RN9 après le jour de farniente à Humahuaca. Au programme, une cinquantaine de kilomètres jusqu'à la bourgade de Los Tres Cruces qui ressemble à une ville fantôme, noius avions pensé nous y arrêter mais nous décidons de continuer jusqu'à Abra Pampa (point culminant du jour à 3780m) à une trentaine de kilomètres en faux plat descendant. C'est à cet instant que l'orage se lève (pour la première fois on sort nos vestes de pluie), les éclairs à l'horizon sont impressionnants mais peu rassurants. Finalement, nous arrivons presque secs à Abra Pampa. Nous n'avons pas croisé de nouveaux voyageurs à vélos, en revanche pas mal de motards en expédition : ces derniers placardent les autocollants à l'effigie de leur road trip sur toutes les portes vitrées d'accès des offices de tourisme et des hôtels.

Ce mercredi 24 Octobre, nous goutterons aux premières pistes (la RP79 vers le Sud - les Deux Sèvres dans le cœur ;) ) pour atteindre les Salinas Grandes le lendemain. C'est une petite journée en perspective avec 55km prévus, nous prenons le temps de petit déjeuner local : tartines au Dulce de Leche (confiture de lait qui fait partie des aliments de base ici - prend ça Nutella ! Pas sûrs qu'on supporte pendant 3 mois ce type de petit-déjeuner, les confitures des mamies d'Anaïs nous manquent, malheureusement elles étaient un peu trop lourdes pour les emporter dans nos bagages). Cette journée se transforme vite en galère, en cause la piste pas toujours stabilisée : chutes et dérapages dans le sable au programme, une raison de plus de ne pas faire le Dakar ;). Nos nerfs lâchent et nous en avons (excusez l'expression) "ras le cul" (dans tous les sens du terme, car ça secoue sacrément !) Un avantage de cette ligne droite est l'absence de trafic : 5 voitures et 2 bus croisés dans la journée, en revanche des dizaines de troupeaux de vigognes, que nous avons du mal à photographier car dès que nous approchons, elles courent beaucoup plus rapidement que nous avançons (moyenne de 10 km alors que le dénivelé est très faible) ! On arrive finalement plus très frais dans le petit village d'Abralaite à 18h30 où le maire nous autorise à planter la tente sur la placette de l'église, qui comporte un point d'eau. Pour clôturer cette pénible journée :

- une habitante nous demande de déplacer notre tente car elle est (soi-disant) installée sur le chemin qui mène à l'église et à l'école. Il est 19h30 et jusqu'à la tombée de la nuit, seulement 3 personnes passeront près de notre tente à pied !

- Hugo fait tomber une bonne partie de la gamelle de pâtes par terre après la demi heure de cuisson (fichu réchaud et fichue poignée de popote !)

Comme il reste 60 km de pistes jusqu'au Salinas Grandes, départ aux aurores à 7h00. Cette portion de RP79 s'avère beaucoup plus roulante que celle d'hier. Le "calvaire" de nos fessiers prend fin vers 14h30 au moment où nous retrouvons la RN52 goudronnée. Cette route traverse les Salinas Grandes (grande étendue de sel), nous faisons la visite avec un guide à bord d'un Peugeot 504 d'époque (nous ne pouvions rouler seuls en vélo sur les salinas). Notre guide s'avère être également un bon photographe ! Un peu après le petit désert de sel, nous trouvons une chambre dans le village de Sanctuario de Tres Pozos par bouche à oreille (pas de signe distinctif sur les bâtiments).

L'étape du lendemain qui nous mène à Susques présente 30 premiers kilomètres plats avec un léger vent dans le dos. Nous dépassons facilement les 20 km/h (ça faisait longtemps) ! En revanche, la suite est beaucoup plus sévère avec la Quebrada de Mal Paso et ses raidards qui flirtent avec les 10%. Bien aidés par les encouragements (klaxons, appels de phares et signe de la main) des routiers qui transitent depuis le Chili, nous arrivons à Susques (village de 1800 âmes - la population ici vit de l'exploitation du lithium et du sel). L'hôtel Kactus sera un parfait point de chute pour notre jour de repos. A l'image de ce qui se fait dans la région, le bois de Cactus est très présent dans l'hôtel : mobilier, ossature secondaire de la toiture en passant par les dalles de faux plafond.


Des bisous!