C'est en quittant Susques que nous rejoignons la Ruta 40. Cette dernière traverse le pays du Nord au Sud , nous la suivrons à partir de maintenant jusqu'à Mendoza. Ruta est un faux ami car jusqu'à Cafayate environ 430 km plus au Sud, il s'agit d'une piste.

Nous arrivons difficilement dans le petit village de Puesto Sey (4000 m d'altitude, ce que pointe Anaïs sur la photo ci-dessus) car le vent violent se lève sur la Puna (hauts plateaux andins au dessus des 3500 m) à partir du déjeuner dans le sens opposé à notre avancée (nous avions plutôt été chanceux jusqu'à présent) et l'air se raréfie à ces hauteurs ! nous (enfin surtout Anaïs) avons moins d'énergie qu'auparavant. Le jeu sur la piste consiste à trouver l'endroit pour rouler, le moins bossu possible et avec le minimum de sable pour ne pas s'enfoncer. Parfois, ces deux zones sont inexistantes, alors il faut choisir entre le sable ou la "tôle ondulée" !  

Nous privilégions à ces altitudes le logement en dur à notre tente, en raison de son caractère bon marché (en général 500 à 600 pesos argentin ARS, soit environ 12 à 14 euros en ce moment soit moitié moins qu'il y a un an avec la forte inflation du moment), l'absence de campings dans la Puna et des températures nocturnes qui frôlent les 0°C. A Puesto Sey, hameau au pied du volcan Tuzgle, il y a de quoi se loger, en revanche personne pour donner l'accès. Nous demandons à une habitante qui nous envoie vers une maison à une centaine de mètres. On nous oriente vers l'épicier du village qui n'a pas la clé mais celui-ci déserte sa boutique pour trouver la "madame clés" qui nous offre notre Graal du moment : une chambre. La dernière ayant été louée il y a 8 jours. Ce dernier paragraphe illustre la bienveillance de la population rencontrée jusqu'à présent.


Le jour suivant (Lundi 29 Octobre), nous arrivons dans la ville de San Antonio de los Cobres après des passages à 4400 m puis sous le viaduc de la Polvorilla où passe le train de Las Nubes (train des "nuages" qui constitue l'attraction touristique du coin et qui est l'un des derniers trains encore en service en Argentine).

San Antonio est une ville venteuse sans intérêt particulier si ce n'est de nous offrir un moment de repos et des supérettes avant l'ascension prochaine de l'Abra del Acay. D'ailleurs la nuit précédant notre départ, nous trouvons difficilement le sommeil : excitation ou inquiétude ?


Le jour le plus long : 6h15, le réveil a déjà sonné depuis une heure et demi et nous sommes en route vers le morceau de jour : l'Abra del Acay qui constitue (normalement) le point culminant du voyage et le plus haut col du continent américain. Après 13 kilomètres depuis San Antonio, nous retrouvons le ripio de la Ruta 40 pour 15 km de faux plat plutôt roulant et avec beaucoup moins de sable que les pistes précédentes. C'est après que cela se gâte et pas que pour nous : nous doublons un cyclo argentin qui pousse son VTT et sa remorque. Le galérien (plus tout jeune) nous explique qu'il est souffrant du genou et qu'il atteindra selon lui le sommet vers 16h... Les lacets commencent, accompagnés des pentes raides (la piste reste relativement bonne). Les pauses se font plus fréquentes : les 30 secondes qui suivent un départ sont douloureuses avec les cuisses qui brûlent sans avoir l'impression de forcer. Nous faisons la pause déjeuner à 4700 m d'altitude où nous sommes rejoints par un cycliste taïwanais qui casse la croûte avec nous. Il avale un mini sandwich alors que depuis ce matin, nous avons faim toutes les demi-heures ! Merci aux barres Isostar à la banane de nous donner de l'énergie, ce seront les dernières car nous n'en avons pas vues ici et notre stock est épuisé après cette montée... Son périple est dingue : il voyage depuis l'Alaska jusqu'à Ushuaïa depuis 1 an et demi, avec en guise de sacoches des sacs "de riz" (un peu cliché) et très peu de bagages. Son pneu avant semble un peu dégonflé, alors on lui prête notre pompe. Il nous devance au sommet mais nous le doublerons dans la descente, dans laquelle il ne semble pas très à l'aise. Quelques 4x4 et un convoi de Harley nous doublent, nous encouragent et nous applaudissent ! 

Le sommet est atteint à 15h après avoir affronté des bonnes bourrasques sur les derniers lacets. La photo souvenir prise, on se lance dans la descente sans trop traîner (il nous reste la moitié du chemin à faire soit 45 km).

Les paysages sont superbes avec dans l'ordre de la descente : le paysage aride et gris de la puna puis des alternances de roches rouges, bleues, noires et jaunes et un paysage où prédomine le vert des cultures. L'Abra del Acay marque la fin de la Puna et le début de la Valle Calchaquies. La piste de la descente est en moins bon état que celle de la montée, mais peu importe pour nous ! Les traversées des cours d'eau permettent de refroidir les freins et les jantes.

Nous approchons de la ville de la Poma et c'est la première crevaison du séjour (pour Hugo). ll reste 2 km,nous finissons en poussant le vélo jusqu'au village. Nous pensions nous installer au camping mais il est 19h00 cela fait plus de 10h que nous sommes sur le vélo, nous décidons donc d'aller dans l'auberge communale. Oui parfois on peut être flemmards ! Pendant que Hugo remplit les informations nécessaires à notre réservation. Une famille de cyclistes française (Gwenaëlle et Pascal) accoste Anaïs : ils ont 3 filles de 9, 7 et 5 ans et ont pour projet de ralier Lima à Ushuaïa en 1 an (ils sont partis depuis 6 mois et font des étapes d'environ 30 km par jour, avec 2 tandems + 1 vélo enfant - plus d'infos ici: www.envourchonsnosvelos.wordpress.com). Ils sont très sympas et nous proposent d'aller manger des empanadas avec eux dans le camping où ils sont les seuls à avoir planter la tente. Après une douche bien méritée nous les rejoignons et passons une très bonne soirée en leur compagnie. Le lendemain matin, nous venons les saluer avant de partir, car ils restent à la Poma pour la journée. On discute, on discute, si bien que nous quittons le village à 10h45. Nous rejoignons Cachi à 58 km. Le début de la route serpente dans un canyon aux couleurs rouge (on se croirait par moment au FarWest) et vert (la vallée est fertile). En début d'après-midi, le vent de face se lève (comme souvent ici, les autres jours on partira plus tôt !) et nous avançons plus difficilement sur une longue ligne droite puis sur des petites montagnes russes. Nous nous installons au camping de Cachi doté comme toujours, de tables et de barbecues (sport national argentin!) répartis sur une grande prairie ombragée. Les campings sont bons marchés, une nuitée nous coûte entre 1 et 3 euros. 

Nous visitons la région avec Ernesto, guide dans une agence de tourisme et sans nos vélos : le parc Los Cardones, composé de milliers voire millions de cactus (les cardons sont une espèce de cactus) et la Cuesta del Obispo (route spectaculaire qui passe de 3350 m à 1700 m en 40 km). 

Plus de photos dans l'album !

Des bisous !